Dans quel mur l’Education Nationale s’entête t-elle à foncer?
Face aux élèves qui ne présentent pas tous des niveaux de compétences semblables, les travaux d’éducation comparée soulignent la mise en place par les systèmes scolaires de processus variés d’adaptation et de gestion de ces différences.
Ainsi, Mons( 2004 in Dupriez et Dumay) distingue quatre modèles de gestion de l’hétérogénéité:
- le modèle de séparation: séparation des élèves et séléction précoce. Dès la fin du primaire, les enfants sont orientés vers des filières d’enseignement parallèle en fonction de leurs performances académiques (Allemagne, Autriche, Belgique..)
- . le modèle d’intégration à la carte: tronc commun pour tous jusqu’à 16 ans avec adaptation interne des classes en fonction des niveaux des élèves (USA, Canada, Angleterre..)
- . le modèle d’intégration uniforme: tronc commun sans adaptation aucune. Le redoublement est donc le seul paramètre de régulation et de séparation de ceux qui ne suivent pas (France, Espagne..)
- le modèle d’intégration individualisé: des dispositifs de différenciation visent la maîtrise d’un programme unique pour tous les élèves à un rythme semblable (Finlande, Danemark)
Tous ces modèles ne donnent pas les mêmes chances aux enfants en difficulté comme en témoigne la recherche menée par Dupriez et Dumay. Dans le système à séparation rapide et à intégration uniforme, les élèves en difficulté vivent de nombreuses situations de redoublement en primaire. Et dans le modèle d’intégration unique, ils sont encore confrontés à des redoublements au secondaire.
A la lecture de l’étude de Mons, on ne peut que s’interroger. La Finlande est 1ere au classement Pisa, la France dans les dernières. La France possède le triste record du taux de tentative de suicide le plus élevé chez les adolescents. Le pédopsychiatre Marcel Rufo sonne l’alerte, un adolescent sur 2 suivi en psychiatrie l’est pour des problèmes scolaires.
J ‘ai un rêve: que l’institution réalise enfin que le modèle d’intégration individualisé est le seul possible pour donner une chance à tous et lutter contre l’échec scolaire. Notre Education Nationale française n’est pas une école pour tous mais une école pour l’élite. Remettre des blouses aux enfants, comme certains candidats à l’élection présidentielle le préconisent, ne résoudra en rien le problème de l’échec scolaire, car ce qui fait le respect d’un élève pour son enseignant c’est le bien-être qu’il éprouve à être avec lui. Quand un enfant est bien à l’école, pourquoi se révolterait-il contre l’ “autorité”?
Emmanuelle Conrad
Merci pour cet article bien intéressant, on se demande comment on peut régler ce type de problème en refusant l’évidence : la gestion de l’hétérogénéité est posée chaque année pour chaque niveau…
Quand l’institution réalisera que nos enfants ne sont pas des têtes vides prêtes à être remplies de savoirs dont l’enseignant est l’unique détenteur, ce sera un grand pas. Notre système éducatif est aberrant !! Le modèle d’intégration individualisé est la réponse à l’épanouissement et le bien-être de tous les enfants au sein de l’école.
Merci Emmanuelle, je ne connaissais pas ces 4 modèles : très intéressant!
Pour ceux qui voudraient creuser l’analyse :
Nathalie MONS est professeur de sociologie à l’université de Cergy-Pontoise et actuelle présidente du Conseil national de l’évaluation du système scolaire (Cnesco)
Elle a été expert auprès de l’OCDE pour le programme d’évaluation internationale Pisa.
Elle a publié un livre important et abondamment commenté : « Les nouvelles politiques éducatives » PUF 2007, régulièrement réédité chez le même éditeur. S’appuyant sur des enquêtes internationales, son ouvrage propose une évaluation des politiques scolaires françaises.
Merci Mélanie pour ta réponse. Tu connais Nathalie MONS? l’ as tu déjà rencontrée?
Merci pour cet article très intéressant. En effet, il serait temps de prendre exemple sur les systèmes qui favorisent la réussite pour tous. La réforme de l’enseignement devrait se faire avec une prise de recul incluant les avantages de la mondialisation.
Merci pour cet article très intéressant, il semble évident que la pédagogie différenciée est la réponse à apporter pour tous les enfants, comme Numéro 1 Scolarité le fait depuis des années.